« Regardant au jardin les roses
Au vent du soir déjà pâlir,
Au regret des fragiles choses,
Je crois entendre leur soupir…
Puisque pour tous la vie est brève,
Après bonheur vite tourment,
Devant destin qui tôt s’achève,
Vient me troubler un sentiment…
Autour de moi la nuit qui tombe
Fait glisser l’ombre et son frisson,
Et lors sous le grand parc s’estompe
Mélancolique ma chanson…
Pour noble roses, à l’aurore,
Ce matin chantait l’avenir,
Et cependant d’elles encore
Ce soir s’effeuille un souvenir.
Tu voulais, toi, dans ta jeunesse,
Te réjouir de la douceur
D’un être cher de sa tendresse,
Quand près de toi battrait son cœur.
Tu veux encore tenter fortune,
Acquérir force, gloire, honneur,
Sans que jamais rien n’importune
La conquête de ton bonheur.
Hélas vite coulent les jours,
Le Temps, maître de tout, dispose,
Et sur nous tous viendra toujours
Planer destin de frêle rose.
Alfred Verdollin, Annot, 1950 (?)